Licencier un salarié en arrêt maladie soulève souvent beaucoup d’interrogations, tant chez les employeurs que chez les employés. Dans un contexte où la protection des salariés en arrêt maladie est renforcée par le droit du travail, il convient de bien comprendre les règles encadrant un tel licenciement. Si la loi interdit de licencier un salarié à cause de son état de santé, certaines circonstances permettent néanmoins à un employeur d’engager une rupture de contrat, à condition qu’elle ne soit pas liée à l’arrêt maladie lui-même et qu’elle respecte scrupuleusement les procédures légales. Décortiquons ensemble les conditions, les motifs valables, les procédures à suivre et les conséquences légales, pour mieux éclairer les salariés en arrêt, les représentants syndicaux et les décideurs RH face à cette problématique délicate.
Les principes fondamentaux encadrant le licenciement d’un salarié en arrêt maladie
Le droit du travail en France accorde une protection importante aux salariés lorsqu’ils sont en arrêt maladie. En effet, un salarié ne peut être licencié en raison de son état de santé, ce qui constitue une discrimination prohibée par la loi et rappelle le rôle protecteur du Syndicat et des institutions compétentes. Cependant, cette protection ne rend pas impossible le licenciement durant un arrêt maladie. Ce qui est essentiel, c’est que le motif de licenciement ne soit pas lié à l’arrêt maladie en soi.
Les motifs légitimes de licenciement pouvant être invoqués malgré un arrêt maladie sont généralement :
- Un motif économique justifié, par exemple une restructuration ou une suppression de poste qui touche de nombreux salariés.
- Une faute grave ou lourde commise avant l’arrêt maladie, imputable au salarié.
- Un motif personnel réel et sérieux, tel que l’inaptitude constatée par la médecine du travail ou un manquement grave dans les obligations professionnelles.
Il est crucial que l’employeur s’assure de la réalité et de la légitimité du motif invoqué, et non qu’il utilise l’arrêt maladie comme prétexte au licenciement. Cette exigence découle de la protection des employés prévue par la loi et renforcée par une jurisprudence stricte.
Par exemple, dans une entreprise où un salarié est en arrêt maladie de longue durée, la direction ne peut pas légalement justifier son licenciement par l’absence médicale elle-même, mais doit s’appuyer sur des critères économiques objectifs et documentés. Lorsque le motif économique est avéré, comme dans une réduction d’effectifs certifiée, le licenciement sera valide sous réserve du respect de la procédure.
En résumé :
- Un licenciement lié directement à l’état de santé ou à la maladie est illégal.
- Un licenciement peut être prononcé pour d’autres motifs, s’ils sont justifiés.
- Le salarié bénéficie donc d’une protection, mais non d’une immunité absolue.

La jurisprudence récente renforce la vigilance autour des situations d’arrêt maladie
Les tribunaux sont particulièrement attentifs à cette zone grise du droit. Plusieurs décisions récentes en 2024-2025 illustrent combien il est fondamental pour l’employeur de motiver son licenciement par un motif objectif, en pouvant produire des preuves tangibles. Par exemple, un salarié licencié pendant son arrêt maladie pour un motif économique a vu la procédure validée parce que la société avait clairement documenté les raisons de sa décision et respecté l’ordre des licenciements et consultations syndicales.
À l’inverse, plusieurs cas ont abouti à l’annulation du licenciement lorsque la justification était insuffisante ou que les motifs étaient confondus avec l’état de santé du salarié.
Cas | Motif | Résultat Juridique | Impact |
---|---|---|---|
Licenciement pour réduction d’effectifs | Justifié économiquement | Validé par le tribunal | Permet une rupture dans le respect des droits |
Licenciement sans cause réelle | Motifs liés indirectement à la maladie | Annulé par la justice | Obligation de réintégrer ou indemniser |
Procédure obligatoire : les étapes clés pour un licenciement en arrêt maladie
Au-delà du motif, c’est souvent la procédure qui détermine la légalité du licenciement. Le respect strict des différentes étapes prévues par le droit du travail garantit le sérieux de la démarche et conforte la protection du salarié. Voici les étapes incontournables pour un licenciement valide :
- La convocation à l’entretien préalable : L’employeur adresse une lettre recommandée au salarié, même s’il est en arrêt maladie, pour l’inviter à un entretien.
- L’entretien préalable : Bien qu’il puisse se dérouler par téléphone ou visioconférence si le salarié est en arrêt, c’est le moment de lui exposer les motifs envisagés de la rupture et de recueillir ses explications.
- Notification du licenciement : Après l’entretien, l’employeur a un délai de réflexion pour envoyer la lettre de licenciement, précisant le motif exact.
- Droit à demander des précisions : Le salarié dispose de 15 jours pour écrire à l’employeur et obtenir des éclaircissements sur les motifs évoqués.
- Réponse obligatoire de l’employeur : Il doit répondre dans les 15 jours suivant la demande du salarié, toujours par lettre recommandée.
- Respect du préavis : Le salarié a droit à un préavis, même en arrêt maladie, sauf exceptions spécifiques (inaptitude notamment).
Chaque étape doit être documentée afin de prévenir tout litige ultérieur. L’absence de convocation ou la notification tardive peuvent compromettre la validité du licenciement, exposant l’entreprise à des contentieux.

Étape | Délai obligatoire | Action de l’employeur | Droits du salarié |
---|---|---|---|
Convocation à l’entretien | – | Lettre recommandée | Être informé du motif de la rupture |
Entretien préalable | 15 jours avant la lettre de licenciement | Échanger sur les motifs | Présenter sa défense |
Notification licenciement | Délai de 15 jours après entretien | Lettre recommandée avec motif | Demander des précisions |
Réponse aux demandes de précisions | 15 jours après demande du salarié | Réponse écrite | Clarification du motif |
Préavis | Variable selon ancienneté | Respect ou dispense | Droit au maintien rémunération |
Licenciement économique pendant un arrêt maladie : spécificités et règles à suivre
Le licenciement économique est un motif fréquemment invoqué en temps de crise ou de réorganisation. Lorsqu’il survient alors que le salarié est en arrêt maladie, il nécessite une vigilance accrue dans la procédure pour éviter tout manquement au droit du travail. L’objectif est d’inscrire cette rupture dans un cadre clair, objectif et non discriminatoire.
Les étapes pour un licenciement dans ce cadre sont les suivantes :
- Convocation à l’entretien préalable : elle comporte la même formalité que pour un licenciement personnel.
- Entretien préalable : échanges avec le salarié sur la situation économique et les alternatives possibles.
- Envoi de la lettre de licenciement : le contenu dépend de l’effectif de l’entreprise. Les entreprises de plus de 1 000 salariés doivent préciser les mesures de reclassement tandis que celles de moins de 1 000 salariés doivent informer sur le contrat de sécurisation professionnelle (CSP) et la priorité d’embauche.
- Information à la Dreets : l’employeur doit notifier dans les 8 jours la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Dreets).
- Préavis : respect des règles habituelles selon ancienneté et conventions collectives.
- Fin du contrat : versement d’indemnités spécifiques et application des clauses prévues (non-concurrence, congés payés).
Ce type de licenciement, bien que délicat, est souvent mieux encadré et socialement accepté, notamment si le salarié bénéficie de dispositifs comme le contrat de sécurisation professionnelle.
Point clé | Entreprise | Entreprise ≥ 1 000 salariés |
---|---|---|
Mentions dans la lettre | Motif économique, CSP, priorité d’embauche | Motif économique, reclassement, priorité d’embauche |
Notification Dreets | Obligatoire sous 8 jours | Obligatoire sous 8 jours |
Préavis | Selon ancienneté et convention | Selon ancienneté et convention |
Indemnités | Licenciement + congé | Licenciement + congé + reclassement possible |
Le préavis de licenciement et ses implications en cas d’arrêt maladie
Gérer le préavis en situation d’arrêt maladie représente parfois un défi pour l’employeur comme pour le salarié. En règle générale, le salarié en arrêt maladie conserve le droit à son préavis, qui doit être exécuté sauf exception liée à son état.
Deux situations à distinguer :
- Si l’arrêt maladie est dû à une maladie ou un accident non professionnel, le préavis s’exécute normalement. Il est interrompu dès que l’arrêt maladie cesse et le salarié doit reprendre le travail pour effectuer le reste du préavis.
- Si l’arrêt maladie résulte d’un accident du travail ou d’une maladie professionnelle, le préavis est suspendu et peut être prolongé d’une durée équivalente à l’arrêt, ce qui protège le salarié dans ce cas.
Cependant, certains cas particuliers existent. Par exemple, en cas de licenciement pour inaptitude liée à une maladie non professionnelle, le salarié ne bénéficie pas du préavis mais reçoit une indemnité compensatrice correspondante. En cas de faute grave ou lourde, le salarié ne bénéficie ni de préavis ni d’indemnités associées.
Cas d’arrêt | Exécution du préavis | Conséquence pour salarié |
---|---|---|
Maladie ou accident non professionnel | Préavis interrompu à la fin arrêt | Reprise du travail pour finir le préavis |
Accident de travail / maladie professionnelle | Préavis suspendu et prolongé | Préavis prolongé de la durée arrêt |
Licenciement pour inaptitude non professionnelle | Pas de préavis | Indemnité compensatrice versée |
Faute grave ou lourde | Pas de préavis ni d’indemnité | Rupture immédiate |
Indemnités dues en cas de licenciement pendant un arrêt maladie
La question des indemnités est au cœur des préoccupations des salariés en arrêt. Le droit du travail garantit un certain nombre d’indemnités à verser selon les circonstances du licenciement.
Voici les principales indemnités auxquelles un salarié licencié durant un arrêt maladie peut prétendre :
- Indemnité de licenciement : calculée d’après l’ancienneté et le salaire brut. Elle n’est pas due si le licenciement est motivé par une faute grave ou lourde.
- Indemnité compensatrice de préavis : si l’employeur choisit de dispenser le salarié d’effectuer son préavis, il doit verser cette indemnité. En cas d’inaptitude non professionnelle, l’indemnité remplace le préavis.
- Indemnité compensatrice de congés payés : si le salarié n’a pas pu prendre tous ses congés avant son arrêt, cette indemnité correspond à environ 1/10e de la rémunération brute des derniers mois.
Ces indemnités permettent d’atténuer un contexte souvent éprouvant pour le salarié. Elles sont encadrées par la loi et parfois précisées par les conventions collectives applicables au secteur du salarié. Par exemple, dans la pharmacie, les conventions collectives spécifiques précisent des modalités d’indemnisation adaptées.
Type d’indemnité | Condition | Montant | Exclusion cas |
---|---|---|---|
Indemnité de licenciement | Ancienneté minimale 8 mois | Selon salaire et ancienneté | Faute grave/lourde |
Indemnité préavis | Dispense de préavis | Equivalent salaire du préavis | Faute grave/lourde, inaptitude non professionnelle |
Indemnité congés payés | Congés non pris | 1/10e de salaire brut | Pas d’exclusion spécifique |
Comment s’informer et se protéger en cas de licenciement pendant un arrêt maladie
La complexité des règles et le poids émotionnel d’un licenciement durant un arrêt maladie imposent aux salariés d’être bien informés et accompagnés. Le recours à un conseil juridique spécialisé en droit du travail est souvent indispensable afin d’évaluer la validité du licenciement et de défendre ses droits.
Par ailleurs, les syndicats jouent un rôle essentiel dans la défense collective des salariés, en alertant sur les pratiques abusives et en offrant du soutien dans les négociations ou en cas de litige. Leur implication est d’autant plus précieuse dans des contextes de licenciement économique qui touchent plusieurs collaborateurs.
Quelques conseils pratiques pour se protéger :
- Conserver tous les documents liés à l’arrêt maladie, à la convocation et au licenciement.
- Demander des précisions écrites à l’employeur dès réception de la lettre de licenciement.
- Consulter un avocat spécialisé ou un syndicat pour une analyse approfondie du dossier.
- Ne pas hésiter à saisir les prud’hommes si le licenciement semble abusif ou discriminatoire.
- Rechercher des informations fiables et à jour, par exemple sur des sites reconnus ou via des guides pratiques comme ceux disponibles sur Jaipasleprofil.
Actions | Objectifs | Ressources recommandées |
---|---|---|
Conserver documents officiels | Preuves en cas de litige | Courriers, certificats médicaux |
Demander précisions | Clarifier les motifs | Lettre recommandée |
Consulter un syndicat ou avocat | Conseil et défense juridique | Syndicat, avocat spécialisé |
Saisir prud’hommes | Contester la rupture | Justice prud’homale |
Utiliser sites d’information | Information actualisée | jaipasleprofil.fr |
Les retours d’expérience : témoignages de salariés et bonnes pratiques en entreprise
Nombreux sont les salariés qui ont traversé la tempête d’un licenciement en arrêt maladie. Ces expériences nourrissent la réflexion collective et permettent d’élaborer des pratiques plus respectueuses et humaines en entreprise.
Par exemple, Marie, cadre dans une PME, a été licenciée alors qu’elle était en arrêt maladie suite à un accident domestique. « J’ai reçu la lettre de licenciement alors que j’étais chez moi, en convalescence. Heureusement, mon syndicat m’a aidée à comprendre mes droits. J’ai pu obtenir des précisions et finalement négocier une indemnité conforme à la loi », confie-t-elle.
Du côté de l’employeur, la transparence et la rigueur dans le suivi de la procédure sont clés. L’entreprise Dupont Industries, confrontée en 2024 à plusieurs arrêts maladies prolongés de ses salariés, a travaillé étroitement avec le syndicat et son service RH pour appliquer les règles sans déroger à l’éthique. Cette approche a permis de préserver un climat social serein malgré les licenciements nécessaires.

- Syndicat : un partenaire dans l’accompagnement du salarié.
- Information claire et rapide : un facteur de confiance.
- Respect strict des procédures : gage de légalité.
- Reconnaissance des situations humaines : éviter le conflit.
- Dialogue permanent entre les parties prenantes.
Ressources et outils pratiques pour gérer un licenciement pendant un arrêt maladie
Pour entreprendre un licenciement respectueux des droits et des besoins de tous, il existe désormais une multitude d’outils et de ressources adaptés :
- Modèles de lettres : pour la convocation à l’entretien, la lettre de licenciement, et les réponses aux demandes de précisions, téléchargeables sur des plateformes spécialisées.
- Guides pratiques : notamment sur les indemnités durant un arrêt maladie, la rupture conventionnelle, ou la procédure de licenciement économique.
- Plateformes d’information juridique : permettant de rester à jour sur les évolutions légales et les tendances RH.
- Applications et services d’accompagnement RH : simplifiant la gestion administrative et humaine du processus.
- Experts conseil : avocats en droit du travail, syndicats, consultants RH à votre disposition.
Intégrer ces ressources permet d’anticiper les risques, de faciliter le dialogue social et d’assurer une gestion bienveillante. La rupture de contrat, même dans des situations médicales sensibles, peut ainsi se dérouler avec respect et clarté.
Type d’outil | Utilisation | Exemples |
---|---|---|
Modèles de documents | Formaliser chaque étape | Lettre d’entretien, courrier licenciement |
Guides en ligne | Compréhension et formation | Sites spécialisés (Jaipasleprofil) |
Plateformes juridiques | Mise à jour réglementaire | Sites web dédiés au droit du travail |
Services RH | Aide à la gestion | Logiciels, conseils externes |
Experts conseils | Accompagnement stratégique | Avocats, syndicats |
FAQ sur les conditions du licenciement en arrêt maladie et vos droits
- Peut-on licencier un salarié en arrêt maladie ?
Oui, mais uniquement pour des motifs réels et sérieux qui ne sont pas liés à l’état de santé. - Le salarié peut-il rester en arrêt maladie après un licenciement ?
Oui, si l’arrêt initial est justifié et prolongé, cela est possible. - Existe-t-il une procédure spécifique pour licencier un salarié en arrêt maladie ?
La procédure est la même que pour un licenciement classique, y compris la convocation à l’entretien et le respect des délais. - Quelles indemnités sont dues en cas de licenciement durant un arrêt maladie ?
Indemnité de licenciement, indemnité compensatrice de préavis, indemnité congés payés, sauf cas de faute grave ou lourde. - Comment se protéger en cas de licenciement abusif pendant un arrêt maladie ?
Consulter un avocat, alerter un syndicat, et éventuellement saisir les prud’hommes sont les moyens adaptés.