Dans un contexte économique où la trésorerie est souvent au cœur des préoccupations des entreprises comme des particuliers, la saisie-attribution apparaît comme une mesure incontournable pour la récupération des créances. Cette procédure permet au créancier d’intervenir directement sur les sommes détenues par un tiers débiteur, en général une banque, afin d’assurer le paiement d’une dette sans passer par des processus longs et incertains. Pourtant, malgré son importance, la saisie-attribution reste parfois méconnue ou mal comprise, tant par ceux qui pourraient y recourir que par ceux qui en sont l’objet. Entre règles strictes encadrées par le Code des procédures civiles d’exécution et montants à saisir encadrés par des principes protecteurs du débiteur, il s’agit d’un mécanisme à la fois puissant et rigoureux, clé de voûte du recouvrement forcé.
Alors comment fonctionne précisément la saisie-attribution ? Quels sont les droits et les obligations des parties impliquées ? Combien de temps dure la procédure et quels moyens s’offrent au débiteur pour la contester ? Ce guide détaillé vous offre une plongée approfondie dans ce dispositif juridique, pour que chaque acteur puisse mieux anticiper et utiliser cette mesure avec sérénité et sécurité juridique. Illustré par des exemples concrets et appuyé par les sources les plus fiables telles que LexisNexis, Dalloz, et les Editions juridiques du Groupe Revue fiduciaire, ce dossier explore aussi les évolutions récentes et les bonnes pratiques à adopter tant pour les professionnels du droit que pour les candidats et entrepreneurs confrontés à cette réalité.
Les bases juridiques et définitions clés de la saisie-attribution
La saisie-attribution est une procédure d’exécution forcée prévue et encadrée par les articles L211-1 à L211-5 du Code des procédures civiles d’exécution. Elle permet à un créancier muni d’un titre exécutoire – tel qu’un jugement, une décision arbitrale ou un acte notarié – de faire saisir directement les créances pécuniaires que son débiteur détient auprès d’un tiers, souvent une banque ou un employeur.
Cette mesure devient opérationnelle dès lors que le créancier souhaite récupérer une somme certaine et liquide, c’est-à-dire une somme précisément déterminée. Elle s’inscrit donc dans la continuité des procédures de recouvrement mais s’en distingue par son efficacité, car elle vise directement ce qu’on appelle le « tiers saisi ».
Les acteurs de la saisie-attribution
- Le créancier saisissant : celui qui réclame le paiement d’une dette et initie la procédure en présentant un titre exécutoire.
- Le débiteur saisi : la personne ou l’entité qui doit de l’argent au créancier et sur laquelle porte la saisie.
- Le tiers saisi : le tiers détenant la créance à l’encontre du débiteur, par exemple une banque détenant un compte bancaire du débiteur, ou un employeur.
- L’huissier de justice : l’officier ministériel chargé de notifier officiellement la procédure au tiers saisi et d’en assurer le suivi.
La Règle d’Or de la saisie-attribution est claire : la créance saisie doit être certaine, liquide et exigible. Le recours à cette procédure sans respect de ces critères risquerait de mener à une annulabilité de la saisie et des complications juridiques importantes, notamment en matière de contestation par le débiteur.

Volet juridique | Description |
---|---|
Code des procédures civiles d’exécution (Art. L211-1 à L211-5) | Encadre la procédure et fixe les conditions pour la saisie-attribution |
Titre exécutoire | Document officiel permettant de lancer la saisie |
Tiers saisi | Personne détenant la somme ou la créance du débiteur |
Huissier de justice | Responsable de la notification et de la mise en œuvre |
Le déroulement concret de la saisie-attribution en pratique
Une fois le titre exécutoire en main, le créancier peut saisir un huissier pour initier la procédure. L’huissier va alors notifier la saisie au tiers saisi, généralement la banque du débiteur. Cette notification interdit à la banque de payer le compte du débiteur sans libérer au préalable la somme due au créancier. Le tiers saisi doit alors immobiliser les sommes jusqu’à la liquidation de la saisie ou la levée par décision judiciaire.
Dans de nombreux cas, la saisie porte sur les comptes bancaires à vue, ce qui explique qu’on parle souvent, dans le langage courant, de « saisie sur compte bancaire ».
Étapes clés pour comprendre la procédure
- Obtention du titre exécutoire : Avant toute saisie, le créancier doit être en possession d’un acte ayant force exécutoire.
- Notification au tiers saisi : L’huissier notifie la saisie-attribution à la banque ou autre tiers.
- Blocage des sommes : La banque bloque les fonds qui correspondent à la créance, sauf si ces fonds sont insaisissables (voir plus loin).
- Information au débiteur : La saisie est portée à sa connaissance.
- Versement au créancier : Après le délai de contestation, l’huissier procède au versement des sommes saisies au créancier.
Il est important de noter que la saisie-attribution est une procédure rapide et efficace : si aucune contestation n’est formulée, la saisie prend fin au bout de 15 jours. En cas de litige, ce délai peut être porté à 30 jours voir davantage si une procédure judiciaire est engagée.

Phase | Description | Délai |
---|---|---|
Obtention titre exécutoire | Jugement ou acte donnant droit à la saisie | Variable selon cas |
Notification au tiers saisi | Remise de la saisie à la banque ou employeur | Immédiate |
Blocage fonds | Immobilisation des sommes sur le compte | Jusqu’à contestation ou paiement |
Versement au créancier | Libération des fonds vers le créancier | 15 jours sans contestation |
Montant d’une saisie-attribution : quelle somme peut être saisie ?
Le montant que le créancier peut récupérer par la saisie-attribution ne correspond pas forcément à la totalité des fonds disponibles sur le compte bancaire du débiteur. Plusieurs règles encadrent ce calcul afin de protéger le débiteur et assurer que celui-ci puisse conserver un minimum vital, appelé le solde bancaire insaisissable (SBI).
Le calcul du montant saisissable
Lorsqu’une saisie est mise en œuvre, la banque procède à un calcul prenant en compte :
- La somme due au titre de la créance, y compris les intérêts et frais éventuels.
- Les frais d’huissier, qui viennent s’ajouter et sont à la charge du débiteur s’il est solvable.
- Le solde bancaire insaisissable (SBI), qui garantit au débiteur un montant minimum pour vivre.
Si le compte bancaire présente un solde inférieur au SBI, la banque est obligée de ne prélever aucune somme. Si le solde est supérieur, le montant insaisissable est déduit de la somme saisissable.
Élément | Description | Conséquence |
---|---|---|
Somme due | Montant principal et intérêts | Montant que le créancier peut prétendre saisir |
Frais d’huissier | Coût variable selon la somme due | À ajouter à la créance |
Solde bancaire insaisissable (SBI) | Minimum vital (montant fixé par la loi) | Montant qui ne peut être saisi |
Solde du compte | Total disponible sur le compte au moment de la saisie | Base pour appliquer le SBI |
Cette règle est essentielle pour respecter un équilibre entre l’exigence du recouvrement et la protection indispensable du débiteur. LexisNexis et Dalloz insistent sur ce principe dans leurs analyses, soulignant que le législateur tient particulièrement à cet aspect.
Durée, délais et modalités de contestation de la saisie-attribution
La saisie-attribution n’est pas une procédure figée : des délais précis gouvernent son déroulement, garantissant à la fois rapidité pour le créancier et recours pour le débiteur.
Durée de la procédure
En cas d’absence de contestation, la saisie est considérée comme définitive 15 jours après sa notification au tiers saisi. Passé ce délai, la banque peut procéder au versement au créancier des sommes saisies.
Les droits du débiteur à contester
Le débiteur a un mois à compter de la notification pour saisir le juge de l’exécution afin de contester la saisie. Cette contestation peut porter tant sur :
- Le fond de la créance : contestation du montant ou de l’existence de la dette.
- La forme et la procédure : erreurs ou irrégularités dans la mise en œuvre de la saisie.
Le juge peut alors suspendre la procédure, ordonner la mainlevée partielle ou totale ou confirmer la saisie. À défaut de contestation dans ce délai, la procédure suit son cours inéluctable.
Aspect | Délai | Possibilités |
---|---|---|
Durée sans contestation | 15 jours | Versement des sommes au créancier |
Délais de contestation | 1 mois | Recours auprès du juge de l’exécution |
Effet du recours | Suspension | Peut stopper la saisie |
Les obligations et responsabilités du tiers saisi, banque ou employeur
La saisie-attribution impose des obligations très strictes au tiers saisi, qui peut être un établissement bancaire ou un employeur pour une saisie sur salaire.
Premier élément fondamental, la banque ne peut refuser une saisie que dans certains cas très spécifiques :
- Si les fonds disponibles sont inférieurs au solde bancaire insaisissable.
- Si les fonds proviennent de prestations sociales telles que les minimas sociaux, les allocations familiales, etc.
En revanche, en dehors de ces cas, la banque est légalement tenue de bloquer et restituer les sommes au créancier. Refuser d’exécuter une saisie régulière expose la banque à des sanctions.
Situation particulière de l’employeur
Lorsqu’il s’agit d’une saisie sur salaire, l’employeur est l’interlocuteur du créancier. Il ne peut refuser de procéder à un prélèvement imposé par une décision de justice. Sa responsabilité est engagée en cas de non-exécution et il s’expose à des poursuites.
Responsable | Responsabilités | Sanctions en cas de refus |
---|---|---|
Banque | Bloquer les fonds quand la saisie est valide | Sanctions légales, amendes |
Employeur | Déduire la somme sur salaire du débiteur | Poursuites, sanctions pénales |

Les frais liés à la saisie-attribution et leur répartition
Un aspect important à anticiper concerne les frais de la procédure. L’huissier de justice engage des coûts réglementés pour chaque acte réalisé dans le cadre de la saisie.
Calcul et prise en charge des frais
- Les frais d’huissier sont fonction du montant saisi et du nombre d’actes nécessaires.
- Ils sont à la charge du débiteur si celui-ci est identifié comme solvable au moment de la saisie.
- Ces coûts peuvent être multipliés selon la complexité et le montant de la créance, d’où une grande variabilité.
Il est donc vivement conseillé aux créanciers de bien se renseigner auprès de sources expertes comme Lamy ou Simeoni pour bien anticiper ces frais et optimiser leurs démarches.
Type de frais | Base de calcul | Responsable |
---|---|---|
Frais de signification | Par acte notifié | Débiteur (si solvable) |
Frais de mainlevée | Si contestation avec levée | Variable |
Frais divers | Multiples interventions | Souvent débiteur |
Les sources fiables et ressources pour approfondir la saisie-attribution
Pour ceux qui souhaitent maîtriser pleinement la procédure ou accompagner un client, une recherche approfondie dans les ouvrages et bases référentes est essentielle. Des institutions reconnues et des éditeurs spécialisés apportent des matériaux incontournables.
- LexisNexis et Dalloz : deux poids lourds de la documentation juridique française, proposant des analyses et mises à jour précises.
- Lamy et Simeoni : éditeurs proposant des traités et manuels détaillés sur les droits et procédures d’exécution forcée.
- Les Editions juridiques du Groupe Revue fiduciaire : publications pointues dédiées à la pratique des huissiers et au contentieux civil.
- Juriscope : base d’information numérique avec jurisprudences et doctrinales en constante actualisation.
- Les Editions législatives : source précieuse pour le suivi des lois et décrets en vigueur.
Pour illustrer, lors d’un récent séminaire en droit des procédures civiles d’exécution, un huissier partageait que la consultation de ces références juridiques lui permettait d’éclairer ses décisions au quotidien, en s’appuyant sur la jurisprudence la plus récente et des commentaires d’experts adaptés aux réalités actuelles du marché du recouvrement.
Perspectives d’évolution et bonnes pratiques pour anticiper et gérer une saisie-attribution
À l’aube de 2025, la saisie-attribution continue d’évoluer, s’adaptant aux nouvelles technologies et aux attentes plus grandes de transparence et d’équité. Le recours à la dématérialisation des notifications ou à l’usage de plateformes numériques spécialisées révolutionne la gestion des saisies.
Astuces pour créanciers et débiteurs
- Pour le créancier : bien vérifier la validité du titre exécutoire pour limiter les contestations.
- Pour le débiteur : connaître ses droits et contre-attaquer rapidement via une procédure de contestation si nécessaire.
- Les deux parties : privilégier une communication claire avec l’huissier pour fluidifier le processus.
- Veiller à la protection du solde insaisissable qui évite des situations dramatiques au plan personnel.
Une entreprise locale récemment confrontée à une saisie-attribution sur ses comptes s’est engagée dans un dialogue transparent avec son huissier et a bénéficié des recommandations issues de LexisNexis et de Juriscope, ce qui a permis de négocier un échéancier de paiement respectueux des contraintes de chacune des parties.
Conseil | Bénéfice |
---|---|
Vérifier l’existence du titre exécutoire | Limiter les litiges et contestations |
S’informer sur le SBI | Protéger l’équilibre financier du débiteur |
Adapter la communication avec l’huissier | Accélérer le traitement |
Évaluer les frais d’huissier | Anticiper les coûts |

Foire aux questions sur la saisie-attribution
- La banque peut-elle refuser une saisie-attribution ?
Non, sauf si le solde du compte est inférieur au solde bancaire insaisissable ou si les sommes proviennent directement de prestations sociales. Dans ce cas, la saisie est refusée conformément à la protection légale du débiteur. - L’employeur peut-il refuser d’appliquer une saisie sur salaire ?
Non, l’employeur est légalement tenu d’appliquer la décision de justice relative à la saisie sur salaire. Le non-respect expose à des sanctions et des poursuites. - Quels sont les frais liés à une saisie-attribution ?
Les frais d’huissier sont variables en fonction des actes effectués et du montant saisi. Ils sont le plus souvent supportés par le débiteur si ce dernier est solvable. - Combien de temps dure une saisie-attribution ?
Elle dure 15 jours sans contestation. Si le débiteur conteste, la durée peut s’étendre jusqu’à 30 jours ou plus selon la décision judiciaire. - Peut-on contester une saisie-attribution ?
Oui, le débiteur peut contester la saisie auprès du juge de l’exécution dans un délai d’un mois à compter de la notification.